Guillemette Flamein : vous venez d'embaucher au poste d'entraîneur Kevin Constantine au lourd passé de NHL. Comment un tel recrutement est possible en France ?
Michäel Juret : on travaille depuis cinq ans en tissant des liens étroits avec le monde du hockey sur l'ensemble du globe, que ce soit au Canada, dans les pays de l'Est, en Scandinavie. On s'aide de ce réseau-là qui nous permet d'avoir ces connexions-là en cas de coup dur ou de situation d'urgence. Cela fait de saisons de suite que nous faisons venir en France des pointures. l'an passé, on a réalisé un bel exploit avec le défenseur Marko Kiprussof. Cette année, il s'agit de Kevin Constantine.
Nous montrons au hockey français qu'il n'y a pas que l'argent qui fasse venir de telles personnes. Contrairement à ce que tout le monde croit, Kevin Constantine gagne beaucoup moins que ce qu'il pourrait gagner ailleurs ! Il faut proposer un projet, d'autres alternatives à l'aspect financier. Kevin avait une réelle envie de venir en Europe. Il a été intéressé par le projet de professionnalisation de l'équipe senior, par sa compétitivité. Il a également senti qu'on avait très envie de travailler avec lui.
G. F. : que vous apportera un entraîneur de NHL de son envergure ?
M. J. : il a des méthodes de travail radicalement différentes de ce qu'on a l'habitude de voir chez nous. Par exemple, il a demandé à voir la vidéo entre les tiers-temps et aussi à ce qu'on relève le temps de glace de certains joueurs directement au cours du match. Le but est qu'il nous apporte la professionnalisation de l'équipe.
G. F. : vous avez perdu dans de tragiques circonstances votre entraîneur Alain Vogin, il y a deux semaines. En quoi sa disparition a pu affecter vos objectifs ?
M. J. : l'objectif reste toujours de conquérir un titre et de poursuivre l'amélioration de la formation et sa structuration. Depuis mon arrivée, le budget du hockey amateur a été mutliplié par trois et l'on espère aligner une équipe cadets et Espoirs Elite cette saison.
G. F. : de quelle manière avez-vous renforcé l'équipe pour cette saison ?
M. J. : on a déjà rassuré nos deux goals - Peter Aubry et Lucas Normandon - qui se plaisent beaucoup ici en les faisant signer pour deux ans. On a amélioré notre profondeur de banc. Face à Amiens (victoire des Gothiques 3-1 en match de préparation en Picardie), hier, il nous manquait six joueurs, sept avec le futur défenseur et certains présents sur le banc n'ont pas joué, ce qui est très rassurant pour l'avenir. On a étoffé l'attaque avec Marc Belanger, Franco-Canadien, capable de jouer sur les deux premiers blocs. En tout, on a dix attaquants très homogènes. En défense, on a recruté Daniel Carlsson et Michaël Irani et on cherche encore un dernier défenseur.
G. F. : vous disputerez le Match des Champions face à Rouen le 11 septembre, après l'exclusion de Briançon de ce trophée. Qu'en attendez-vous ?
M. J. : nous sommes la 1re équipe à avoir remporté ce trophée face à Grenoble alors que nous n'étions pas du tout favori. Ce sera une très belle rencontre face à Rouen qui a encore, cette saison, une équipe extrêmement solide. Au-delà de ce trophée, de la compétition, ce sera surtout l'occasion pour les deux clubs de rendre un hommage à Alain Vogin.
G. F. : vous évoquez l'hommage à Alain Vogin. Comment le groupe a réagi à sa disparition ?
M. J. : pour le moment, je n'ai pas constaté de conséquence sur le plan sportif. Daniel Carlsson, Simon et Martin Lacroix ont été très touchés. Nous avons mis un psychologue à la disposition de l'équipe. mais je me rends compte aujourd'hui que c'est moi qui ai pris le plus. Le numéro 21 sera retiré du club et brodé sur nos maillots à domicile. Une plaque commémorative sera apposée dans notre vestiaire. Alain a préparé l'équipe pendant quatre mois. Il est tout à fait normal qu'il nous accompagne tout au long de cette saison. Nous ne l'oublierons pas.
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