vendredi 23 février 2018

Grégory Tarlé : "Avoir un jeu plus complet dans quatre ans"

Tandis que les J.O de PyeongChang voyaient le sacre des Américaines sur les Canadiennes ce jeudi, l'équipe de France féminine a fini sur trois victoires amicales face à la Hongrie le week-end du 17 février. De bon augure avant les Mondiaux de Vaujany qui débuteront le 8 avril. Passage en revue des Bleues avec Grégory tarlé, sélectionneur national. 

L'équipe de France au tournoi préliminaire de qualification olympique
 
Quel bilan dressez-vous de la saison écoulée à un mois et demi des Mondiaux de D1A qui se dérouleront à Vaujany, dès le 8 avril ? 

Grégory Tarlé : nous avions deux objectifs : le premier, le tournoi préliminaire de  qualification olympique, où nous avons échoué malgré des performances honorables ; le second les Mondiaux où nous avons fini à la dernière place du groupe en faisant une contre-performance. L'objectif de ce début de saison, à l'été 2017, a été de reformer un nouveau collectif et de repartir avec un nouveau staff.

On a perdu 5-6 joueuses. On a mis en place un nouveau projet de jeu que le groupe doit à présent assimiler. On avance à petit pas. La mise en place est encourageante. Nous avons disputé un tournoi en août à Albertville contre la Suisse et la Corée du Sud, un autre en Hongrie face à la Hongrie, la Corée du Sud, le Danemark. Nous sommes allés en République tchèque affronter la Suisse et la Norvège et nous avons fini avec trois matches amicaux contre la Hongrie, à Cergy-Pontoise.

Que voulez-vous mettre en avant dans ce nouveau projet de jeu ? 

Grégory Tarlé : j'ai voulu changer des choses tout en gardant certains éléments. Je veux développer un jeu plus rapide à la récupération du palet. Cela entraîne des modifications techniques, ça veut dire plus de démarquage, plus de passes rapides. Avant, on était davantage dans la conservation du palet.  Je veux avoir un jeu plus complet dans quatre ans pour les prochains J.O, afin de pouvoir changer de système de jeu au cours d'un match ou en fonction des adversaires que nous rencontrerons. Ce sera une carte supplémentaire dans notre poche.

Les Mondiaux se tiendront en France dans moins de deux mois, à Vaujany, près de Grenoble. Quelles sont vos attentes ? 

Grégory Tarlé : on a des attentes élevées car le champion montera directement en Elite puisque les Mondiaux Elite n'ont pas lieu cette année. Il faut donc saisir l'opportunité de remporter la compétition. Est-ce qu'en un an, on aura eu le temps de travailler correctement et d'être prêt tout en sachant que la division est très serrée ?

Quels sont les atouts de la France ? 

Grégory Tarlé : je compte sur ce qu'on a mis en place techniquement ainsi que sur notre profondeur de banc. L'équipe est très équilibrée. Le soutien du public dans la petite patinoire de Vaujany ne peut que renforcer la motivation du groupe et faire aussi la différence par rapport aux autres équipes qui peuvent, chacune d'elles, être championnes du monde. On va bosser sur nos forces et on a encore deux matches de préparation contre l'Allemagne à Besançon les 2 et 3 avril, avec une adversité intéressante.


Le tournoi olympique vient de s'achever avec les sacre chez les femmes des Américaines. Qu'est-ce qui a manqué à la France pour se qualifier ? 

Grégory Tarlé : il a manqué peu de choses. Je pense que le Japon et l'Allemagne avaient davantage d'expérience du haut niveau. Ces équipes ont déjà joué au niveau Elite. Il faut savoir aussi que le mode de qualification pour les femmes est plus dure que celui des hommes. Il nous a surtout manqué l'expérience des matches à enjeu. Il faut mieux préparer les joueuses techniquement, physiquement, mentalement.

A propos de technique et de physique, René Fasel, président de l'IIHF, a déclaré que les femmes devaient jouer comme des femmes. Que pensez-vous de sa déclaration et comment voyez-vous l'évolution du hockey féminin ? 

Grégory Tarlé : je trouve que le fond de ses propos est très vrai et que la manière de jouer en hockey féminin peut être différente de celle des hommes. En hockey féminin, la vitesse et la technique sont mises en avant. On voit bien aujourd'hui que le physique ne peut plus prendre d'importance au point de faire basculer un match. On assiste à la diminution des mises en échec en NHL. Prenez par exemple une équipe comme Toronto qui mise sur des joueurs techniques et rapides. C'est la réalité. J'ai connu le hockey masculin et le hockey féminin. Et je peux vous dire que le hockey féminin a de nombreux avantages sur le hockey masculin : il est plus fluide, plus rapide avec de longues phases de jeu car il y a beaucoup moins de pénalités.

Même si c'est le Canada, l'équipe nationale féminine a joué à plusieurs reprises contre les Midgets AAA de l'Ontario, joueurs qui peuvent prétendre à rejoindre la NHL, selon les règles du hockey féminin, à savoir sans aucune mise en échec. Et elle a gagné à chaque fois. Cela veut bien dire ce que ça veut dire ! Le hockey féminin doit continuer sur cette voie-là.

De quoi a besoin aujourd'hui le hockey féminin pour évoluer ? 

Grégory Tarlé : il manque d'une mise en valeur médiatique car les gens fonctionnent avec des a priori. On n'a pas de poids économique. On n'a pas d'image à vendre. C'est un cercle vicieux. Pas d'image donc pas de poids économique. Pas de poids économique donc pas d'image. Il faut également travailler sur l'aspect socio-professionnel et arrêter de se voiler la face. Certaines joueuses doivent prendre des congés sans solde pour participer aux compétitions. Les joueuses travaillent. La réalité est là, tout simplement.

Et c'est le même problème en Allemagne, au Japon, en République tchèque qui ont à peu près le même nombre de licenciés que chez nous. Mes homologues sont confrontés aux mêmes problèmes. La moyenne d'âge pour ces nations est de 20-22 ans. En Amérique du Nord, elle est de 25-26 ans. Pourquoi ? Parce que nos joueuses arrêtent de jouer parce qu'elles ne peuvent plus. Il faut vraiment travailler pour que les femmes puissent s'épanouir dans leur vie de femme et de sportive, et revenir au plus haut niveau après avoir eu un enfant, par exemple. Aujourd'hui, c'est extrêmement compliqué voire impossible ! Je pense que c'est vrai pour tous les sports féminins et pas qu'en hockey sur glace.

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