Guillemette Flamein : quelles sont vos
principales qualités humaines ?
A. T. : je suis mature, je ne me prends pas la tête avec ce qui n'en vaut pas la peine, je sais reconnaître mes torts, j'ai de l'humour.
G. D. : j’essaie d’être toujours souriant, agréable,
sympathique, à l’image de Fabrice Lhenry (Ndlr : gardien international des Dragons de Rouen).
G. F. : quels sont vos défauts principaux ?
A. T. : je suis gourmand, susceptible, paresseux.
G. D. : je suis très impulsif ! Je peux m’emporter
rapidement, mais après, on en reparle calmement et il n’y a plus de problème.
G. F. : qu'est-ce qui vous énerve le
plus chez les autres ?
Antoine Trombetta - Demi-finales cadets |
A. T. : les gens qui se
la pètent, ceux qui disent sans arrêt « moi, je… moi, je... »
G. D. : je ne supporte pas les fumistes et les faux-culs.
G. F. : qu'appréciez-vous chez les autres ?
A. T. : la gentillesse, l’amitié, le sens de l’humour.
G. D. : j’aime les gens sérieux et organisés.
G. F. : quel est le gardien que vous admirez particulièrement ?
A. T. : Jonas Hiller (Anaheim), d'abord parce qu’il est inversé
comme moi. Il est exceptionnel ! Il est tellement souple, grand… Il a
tout !
G. D. : à Rouen, j’ai la chance de côtoyer Fabrice
Lhenry. Sinon, j’aime bien Carey Price (Montréal) et Jonathan Quick (Los Angeles)
pour sa rapidité. Dans ce domaine, c’est vraiment mon modèle. J’ai ses vidéos
en tête pour me motiver.
G. F. : quel genre de gardien êtes-vous dans le vestiaire ?
A. T. : je suis discret et réservé. Avant un match, je suis dans ma bulle, je me concentre sur moi-même. Je
ne suis pas du genre à motiver les gars dans le vestiaire, je les motive sur le
terrain. En match, je prends sur moi si ça se passe mal. Je vais râler contre
moi, mais pas après mes coéquipiers.
G. D. : je suis sérieux, même si j’aime bien rigoler.
Dès que je rentre dans la patinoire, c’est mon match et rien que mon match. Je
me mets dans ma bulle.
G. F. : quelle hygiène de vie suivez-vous pendant une saison ?
G. F. : quelle hygiène de vie suivez-vous pendant une saison ?
A. T. : je ne sors jamais le soir la veille d'un match.
J’essaie de ne pas me coucher trop tard en semaine.
G. D. : l’hygiène de vie passe d’abord par l’éducation
que m’ont donnée mes parents, c’est-à-dire savoir faire les tâches ménagères
car quand on se retrouve à vivre seul en appartement, on est bien content de
savoir comment faire. Sinon, je ne sors jamais la veille des matches. En semaine, j’essaie
le plus possible de me coucher de bonne heure, ce qui n'est pas toujours facile...
G. F. : quel rituel
observez-vous avant un match ?
A. T. : je n'en ai aucun. Je fais simplement toujours la même chose à savoir que je rentre sur le
terrain et je vais prendre mes repères : les coins, les poteaux…
G. D. : ce n’est pas un rituel à proprement dit. Disons que
j’ai ma petite routine. Je fais mes crosses, je range mon
équipement toujours de la même façon. Ces gestes répétés me mettent en confiance.
Si je joue en tant que premier gardien, je sors en premier sur la glace. C’est
une façon de m’imposer par rapport à l'adversaire.
G. F : quelle
signification a le motif peint sur votre masque ?
A. T. : si je devais peindre un motif, je n'en peindrais aucun ! (Ndlr : le masque d'Antoine Trombetta est noir). J’y inscrirai à la rigueur mon prénom et mon
numéro, c’est tout.
Guillaume Duquenne |
G. D. : sur l’ancien, j’avais d’un côté une tête de
mort et de l’autre une faucheuse. J’avais vu ça sur le masque du gardien de
Strasbourg quand j’étais petit et ça m’avait beaucoup plu. Le prochain, qui est
à la peinture, se rapprochera de ce thème. Ce sera un mélange de celui de
Carey Price (Montréal) et de celui de Vladimir Hiadlovsky (Strasbourg) avec
quelques touches personnelles. Il y aura aussi un mur comme sur l’ancien.
G. F. : quel est votre pire
souvenir en match ?
A. T. : le match perdu contre Bordeaux (3-1) en
coupe d’Europe. Je ne l’ai toujours pas digéré ! (Ndlr : le 21 avril 2012).
G. D. : je me souviens d’un déplacement en Pologne avec les minimes
(2007/2008). On a perdu 11-4 et j’ai pris 4 fois le même but, un shoot de la
bleue. Là où je m’en suis aussi beaucoup voulu personnellement, c’est lors de mon
dernier regroupement en équipe de France. Je n’ai pas été au niveau de ce qu’on
attendait de moi. C’est là où le déclic s'est produit, à savoir qu'il faut toujours travailler encore et encore et savoir se remettre en question car rien n’est acquis.
G. F. : le pire
souvenir de votre vie ?
A. T. : mon redoublement en classe de seconde.
G. D. : je préfère ne pas en parler.
G. F. : quelle a été
jusque-là votre plus belle sensation de match ?
A. T. : le titre de vice-champion d’Europe cette saison, même si j'ai toujours en travers de la gorge le fait qu'on ait terminé à la 2e place... (Ndlr
titre obtenu face à Bordeaux le 22 avril 2012).
G. D. : j’en ai deux : d’abord la dernière finale
cadets. On n'a rien lâché ! C’était tellement intense que j’en ai attrapé des
frissons et des gouttes de sueur froide. Ensuite, mon premier match en D2. Je
suis rentré en 2e période, on perdait 4-1 et je me suis surpassé. On
a quand même perdu 5-3, mais je me suis dit que par rapport aux arrêts que j’ai fait j’étais capable de jouer à ce niveau. Cela m’a donné une confiance terrible pour la suite de la
saison.
G. F. : le plus beau
souvenir de votre vie ?
A. T. : à chaud comme ça, je n’en vois pas.
G. D. : c’est plus la très belle surprise que m’a faite
toute ma famille en venant me voir jouer à Amnéville. Ils ne m’avaient rien dit
et quand je les ai vus à l’échauffement, ce fut une explosion de joie
intérieure. On a perdu le match 4-2, mais perdre contre le champion de France en
titre, il n’y avait pas de quoi rougir…
G. F. : quel est votre
rapport à la glace et au roller ?
A. T. : je regarde les vidéos des belles actions
sur le Net. J'ai voulu essayer le hockey sur glace, mais lorsque je me suis présenté à Rouen à l'âge de 9
ans, on m’a répondu que j’étais trop vieux pour commencer. Depuis, je n’ai jamais
réessayé. Quant au reste, la ligue Magnus et l’équipe de France ne m’intéressent pas. Je
trouve d'ailleurs le championnat français assez faible.
G. D. : j’ai disputé la finale du championnat de
France junior à Anglet en 2009. Le roller hockey n’a rien à voir avec la
glace. Les règles sont différentes. J’avais moins besoin d’utiliser ma
technique et de me déplacer car les cages sont plus petites. Mais la
concentration est identique. L’ambiance était aussi différente, j’ai vraiment
pris mon pied. Je joue au roller hockey avec mon frère quand la saison de glace
est finie. Je ne laisserai jamais tomber la glace. Mais pourquoi pas envisager le roller hockey en fin de carrière ?…
G. F. : on dit souvent que les
gardiens sont des gens un peu "fêlés", des personnes à part dans l'équipe ?
Antoine Trombetta face à Caen |
A. T. : je ne pense pas être quelqu'un de "fêlé" (rires). Je ne me sens pas à part
dans l’équipe, je m'y sens bien intégré. Si je suis différent, c'est peut-être uniquement par ma
façon de penser, c’est tout.
G. D. : ma façon d’être doit me mettre parfois dans un
monde à part car souvent mes coéquipiers disent aux autres au sujet de mon comportement : « Ne cherchez pas,
c’est normal, il est gardien !» (rires).
G. F. : au vu de
l’importance de son poste, un gardien a-t-il plus besoin de reconnaissance qu’un autre
joueur de l’équipe ?
A. T. : on a tous besoin de reconnaissance quand on fait
quelque chose de bien. Le gardien n’en a pas plus besoin qu’un autre
joueur. On est tous égaux dans l’équipe.
G. D. : non, car on parle de sport d’équipe. Chaque
joueur est important. La reconnaissance, elle ne se demande pas. Elle vient avec
le travail, elle vient de la part de tes joueurs et de tes entraîneurs.
G. F : qu’aimeriez-vous que vos entraîneurs vous disent ?
A. T. : j’aimerais qu’ils me conseillent davantage en
tant que gardien.
G. D. : ce que je fais de bien, je le sais. Je ne leur demande rien d’autre que ce qu’ils me
disent déjà puisqu’ils sont toujours constructifs dans leurs remarques par
rapport à mes erreurs pour me faire progresser.
G. F. : qui peut
comprendre un gardien ?
A. T. : certains défenseurs à cause des buts que tu te
prends, un autre gardien, ta famille et tes amis proches parce que ce sont les personnes qui te connaissent le mieux.
Guillaume Duquenne |
G. D. : par rapport à l’attitude, à l’image qu’on
va donner sur la glace aux autres, les gens peuvent avoir un aperçu de ce qui
peut se passer dans notre tête. J’ai eu une longue discussion une fois avec mon
père sur un placement et je lui ai dit de monter sur la glace et d’aller dans
la cage. Et là, il a compris. Mais quand je vois jouer mon frère, qui est aussi
gardien et qui a 11 ans, je sais exactement ce qu’il peut ressentir car je suis
passé par là.
G. F. : que voudriez-vous
faire plus tard ?
A. T. : j'aimerais être gardien professionnel, même si je sais
qu'en France, très peu parviennent à en vivre. Sinon, j’aimerais être dresseur de chiens
pour personnes aveugles.
G.D. : j'espère bien un jour être gardien titulaire.
G. F. : le hockey, pour vous, ça représente… ?
A. T. : c’est ma passion, ma drogue ! Si je pouvais m'entraîner tous les jours, je le ferais, ce serait le rêve ! Je regarde toutes les rencontres de roller hockey sur Internet. Même si je suis invité, je
préfère rester chez moi pour regarder un gros match sur le Net. A moins d'une blessure grave ou d'un problème
majeur, je ne suis pas prêt d'arrêter !
G. D. : ça représente mes parents qui m’ont
toujours suivi, les sacrifices faits car c’est un investissement financier et
personnel. Le hockey, ça représente ma vie.
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