Il fut, ces dix dernières années, l'un des attaquants étrangers les plus emblématiques du championnat français. Le Québécois Eric Doucet clôt sa carrière au sein des Dragons de Rouen sur un 4e titre avec son club fétiche. Pour Glacenews, il revient sur la saison et sa carrière. Court extrait d'un entretien à paraître dans son intégralité dans Hockey Magazine de mai. Guillemette Flamein : comment vous sentez-vous aujourd'hui ? Eric Doucet : je me sens libéré. Mais pas rassasié car j'ai encore d'autres challenges devant moi. Ces derniers mois ont été difficiles mentalement et donc, m'ont également marqué mentalement. J'étais très, très fatigué. Mais même quand j'étais jeune, je finissais toujours la saison avec moins d'énergie.
G. F. : comment avez-vous vécu cette incroyable série de finale ?E. D. : on était mal barré après les 2 premiers matches, mais sincèrement, on savait qu'on avait la meilleure équipe. En allant chercher le 3e match, on savait qu'on pouvait retrouver notre tempo. On a mis la pression sur Angers en leur gâchant la fête de remporter la coupe à la maison. J'étais assez surpris de leur jeu dans le 5e match. Je m'attendais à une certaine fatigue de leur part. Un grand coup de chapeau aux Ducs !
Je l'ai vécu drôlement car ma famille est partie au Canada 2 jours avant le 5e match. Je me suis très reposé, mais j'ai aussi beaucoup gambergé... Mardi, j'étais tendu et ça commençait à devenir pesant pour tout le monde. Je ne voulais vraiment pas jouer au héros et je suis resté dans ce que je pouvais faire. Quand j'ai vu le palet sortir de la zone et Marc-André (Thinel) partir avec, je me suis dit que c'est cette image-là qui me resterait ! J'étais content pour l'équipe que tout soit terminé. On est passé par toutes les émotions cette saison et encore plus depuis la blessure de Julien (Desrosiers) contre Grenoble.
G. F. : quel bilan tirez-vous de votre dernière saison ? E. D. : après l'annonce de ma retraite, j'ai profité de chaque match à fond. Je suis heureux d'avoir pu gagner ici avec certains coéquipiers qui sont devenus des amis. Je me souviens d'avoir remporté la dernière fois le titre à Rouen contre Amiens. Le côté négatif de la saison, c'est la coupe de France contre Briançon. C'est une grosse, grosse, grosse déception. Mais on a eu 2 trophées sur 3, on ne pouvait pas demander mieux ! Il a fallu s'habituer aussi aux nouveaux entraîneurs et réciproquement, ce qui n'est pas facile car il y a dans ce groupe de très fortes personnalités.
G. F. : justement, comment avez-vous vécu le départ d'Alain Vogin ? E. D. : Alain est quelqu'un qui compte énormément pour moi. Il a apporté uax jeunes quelque chose d'incroyable et on en voit les résultats aujourd'hui, dans les play-offs. Il a apporté au club une organisation incroyable. J'ai énormément appris en le voyant coacher. Je suis convaincu qu'on le reverra bientôt dans le hockey français. Ce que j'apprécie chez lui, c'est qu'il se bat. C'est un acharné pour qui le travail se doit d'être bien fait.
G. F. : vous êtes arrivé en France à l'âge de 22 ans, à Villard-de-Lans, en Division 1. Quel regard portez-vous sur votre carrière ? E. D. : je ne pensais pas faire une telle carrière car j'étais très bien en D1. J'allais voir jouer Grenoble, mais c'était un objectif tellement lointain... Mon arrivée à Angers a déclenché beaucoup de choses. Les entraîneurs que j'ai eu à Villard et à Angers ne m'ont posé aucune limite, n'ont pas essayé de me changer et m'ont fait une confiance totale. Ils m'ont permis de pouvoir créer des revirements dans les matches et d'en profiter. Et à Rouen, Guy Fournier a été dans la même lignée. J'étais loin d'avoir une carrière toute tracée. J'ai vraiment été la chercher. J'ai fait le maximum avec ce que j'avais, j'ai pressé le citron même au détriment de ma santé. Je l'ai payé cher, mais ça valait le coup...
G. F. : et si c'était à refaire ? E. D. : je complèterais mes 3-4 années à l'Université. C'est mon seul regret. Si le même cas de figure se présente pour mes enfants, je les pousserai pour qu'ils aillent le plus loin possible. J'ai eu des occasions d'aller jouer en Suisse B ou en Allemagne, mais je n'ai pas poussé les choses plus loin. Je suis très serein avec mon choix. J'ai une très forte appartenance à ce maillot-là...
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