L'attaquant et capitaine de Pittsburgh Sydney Crosby |
Les charges contre la tête sont encore trop fréquentes dans le hockey sur glace. En deux mois, elles ont déjà coûté 18 matches de suspension dont 8 (5 fermes) pour Kevin Igier de Briançon en août et 10 (6 fermes) pour son collègue Pierre-Antoine Devin il y a quelques jours.
En Amérique du Nord, le suicide de Todd Ewen à l'âge de 49 ans, survenu le 19 septembre, ne fait qu'allonger la liste de ceux qu'on appelle outre-Atlantique "les goons" (les bagarreurs) et qui, tous dépressifs profonds, ont mis fin à leur jour ou sont décédés d'une crise cardiaque entre 27 et 49 ans !
Toutes ces affaires ont un point commun : la commotion cérébrale provoquée par une violente charge contre la tête. Jusqu'à il y a encore moins d'une dizaine d'années, les médecins ne prêtaient guère attention aux conséquences sur le long terme de cette blessure dont la répétition peut conduire la victime à la mort.
Ce choc important à la tête provoque des dommages importants au cerveau. Il affecte les mouvements des yeux de l'athlète, son équilibre, son orientation spatiale, sa vitesse, sa précision, son endurance, sa pensée, son émotion, sa santé globale. A force de répétition, il rend à terme sa victime incapable de se concentrer, sujette à une grande irritabilité et la plonge dans une profonde dépression.
A l'instar de Sydney Crosby, qui s'est effondré en match le 1er janvier 2011, ils sont nombreux à traverser l'Atlantique pour consulter et se faire soigner par Tedd Carrick. Implanté à l'hôpital d'Atlanta, ce chiropracticien canadien est devenu en quelques années le spécialiste du traitement des commotions cérébrales, notamment chez les hockeyeurs.
Ce médecin pratique un examen neurologique en profondeur pour cerner les symptômes et définir l'état des différentes fonctions du cerveau. Il introduit ensuite des exercices de stimulation pour faire travailler les yeux et la simultanéité de tâches à effectuer à l'aide de différents appareils.
Après Michaël Loichat de Fribourg-Gottéron (LNA Suisse), blessé en mars dernier, et toujours sous traitement aux Etats-Unis, c'est au tour de Greg Mauldin du même club d'avoir rejoint Atlanta pour une commotion cérébrale dont il a été victime en août.
Parallèlement au Canada, le gouvernement de l'Ontario a commencé à examiner lundi 14 septembre un projet de loi visant à protéger dès l'adolescence les jeunes sportifs des commotions cérébrales en sensibilisant les éducateurs sportifs, les entraîneurs et les parents sur les conséquences dévastatrices de cette blessure si elle n'est pas prise en charge correctement.
Cette future loi, baptisée Rowan, a été rédigée suite au décès de Rowan Kerry Stringer. Cette étudiante a succombé à l'âge de 17 ans, le 12 mai 2013, des suites d'une commotion cérébrale lors d'un match de rugby. Après deux commotions subies la même semaine sans que personne ne s'en inquiète réellement, elle est revenue au jeu et la 3e lui a été malheureusement fatale.
Ce texte législatif met en avant 4 points essentiels :
- l'éducation du monde du sport étudiant
- le retrait immédiat du jeu d'un jeune au premier soupçon d'une commotion
- l'interdiction de revenir au jeu sans avoir eu un accord médical
- la mise en place d'un retour au jeu sous surveillance médicale
Vous l'aurez compris, en France en dehors du CHU de Toulouse qui suit les rubgbymen depuis deux ans (merci à cet internaute au commentaire très complet ci-dessous) tout comme en Europe, il n'existe aucun hôpital ni aucun spécialiste traitant de façon spécifique des commotions cérébrales, les fédérations se contentant pour le moment - ce qui est déjà très bien - de sanctionner lourdement et sévèrement - les auteurs de ces gestes ô combien dangereux.
En attendant, si votre enfant fait du sport, en l'occurrence du hockey (mais valable aussi pour le football, le basket, le rugby, le handball ou le foot US), si vous êtes éducateur sportif ou entraîneur, voici un kit complet réalisé par l'hôpital pour enfants de Montréal (centre universitaire MacGill) à mettre en toutes les mains.
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Le CHU de Toulouse ouvre la première consultation spécialisée en France pour les sportifs victimes de commotions cérébrales. Depuis deux ans, ces médecins experts suivent les rugbymen de la région.
RépondreSupprimerSonné, groggy, dans le cirage… Ces expressions, souvent utilisées après un impact entre deux joueurs de rugby, ne s’entendent plus seulement près du banc de touche. Depuis deux saisons, chez les professionnels, les victimes de commotion cérébrales sont examinées et questionnées par un médecin sur le bord du terrain puis, dans les deux jours qui suivent, à l’hôpital, par des neurologues ou neurochirurgiens. Leur évaluation clinique permet de décider d’une date de reprise de l’entraînement et de la compétition.
«Un sportif revient tous les dimanches sur le terrain. Un traumatisme crânien léger devient pour lui une situation de la vie courante qui peut se répéter. Cette répétition peut laisser des séquelles. Il faut les prévenir », explique David Brauge, neurochirurgien au CHU de Toulouse, qui reçoit entre deux et quatre joueurs de rugby tous les mois en consultation spécialisée. Associé au professeur Jérémie Pariente, neurologue, il fait partie du réseau d’experts mis en place depuis deux saisons par la fédération française de rugby pour la prise en charge des commotions cérébrales. La consultation s’élargit désormais pour prendre en charge ces accidents chez tous les licenciés sportifs. Le CHU de Toulouse est le premier en France à le mettre en place.
«Nous pourrons toucher d’autres sports : boxe, ski, hockey… et tous ceux auxquels nous n’avons pas encore pensé », précisent les deux médecins.
Il part marquer contre son camp !
«Un choc n’entraîne pas forcément de perte de connaissance mais des troubles de la mémoire, une désorientation, des troubles de l’équilibre…» souligne Jérémie Pariente «Tout ça, c’est une commotion cérébrale, une altération du flux électrique dans le cerveau. Elle nécessite un arrêt de jeu et une consultation». Le neurologue se souvient avoir reçu un joueur parti marquer contre son camp après un gros impact ; un autre était devenu agressif avec son entourage dans les jours suivants… «On entend beaucoup de choses : des vagues de suicide chez des joueurs de football américain, des lésions irréversibles. Il faut voir quelle est la part du mythe » expliquent les deux médecins. «Ce qu’on sait aujourd’hui, c’est qu’il y a de vrais risques à court terme, le plus fréquent étant une deuxième blessure (souvent le genou) parce que les capacités de concentration et de vitesse de traitement des informations sont altérées. Certains pensent qu’après un choc, leurs capacités de jeu sont augmentées, il est facile de leur montrer qu’ils sont, au contraire, plus fragiles, mais on ne peut pas le faire avec des scanners ou des IRM. Même si les séquelles sont importantes, on ne voit rien, la résolution n’est pas assez bonne et ça, c’est une piste ouverte pour la recherche »
Où s'adresser ?
Toute personne victime d’une commotion cérébrale et titulaire d’une licence sportive peut s’adresser à l’équipe de consultation du CHU de Toulouse, actuellement installée au pavillon Riser de l’hôpital Purpan.
L’équipe est composée d’un neurochirurgien (Dr David Brauge), d’un neurologue (Pr Jérémie Pariente), d’une neuro-psychologue (Johanne Le Men), d’un médecin du sport (Dr Matthieu Saint Germes), d’un psychiatre (Dr Antoine Yrondi) et d’une secrétaire (Sabrina Conquet).
Téléphone : 05 61 77 93 59. Courriel : cs.commotionsport@chu-toulouse.fr
Emmanuelle Rey
TOULOUSE AUTRES SPORTS
Merci pour votre commentaire très instructif qui met en lumière le travail des équipes du CHU de Toulouse et pour votre intérêt pour ce blog !
SupprimerCordialement
Guillemette Flamein
De rien, avec plaisir.
Supprimerc'est un article du journal 'la dépêche du midi'.
Supprimerje travaille moi même au chu de Toulouse.
Merci beaucoup pour cette précision, j'avais en effet identifié la source du quotidien.
SupprimerCordialement
Guillemette Flamein