vendredi 21 mai 2010

Michaël Juret : "On franchit une marche chaque année"

Avec l'arrivée d'Alain Vogin au poste de directeur technico-sportif, le club d'Angers poursuit sa structuration entamée il y a cinq ans par Michaël Juret. Bilan d'une présidence de cinq ans au cours de laquelle les Ducs se sont hissés de façon fulgurante en finale de ligue Magnus, cette saison.

Guillemette Flamein : l'arrivée d'Alain Vogin à Angers en tant que directeur sportif renforce la structuration d'un club arrivé à maturité en à peine cinq ans. Pour quelles raisons vous êtes-vous doté d'un directeur technique ?

Michaël Juret : cette décision est le fruit d'une longue réflexion. J'ai engagé Alain Vogin en CDI pour lui faire comprendre que j'étais sûr de mon choix. Au club, nous avons quatre brevets d'Etat à plein temps qui ont besoin d'être structurés. Avec Heikki Leime, nous avons pensé qu'un directeur technique serait le bienvenu. Je connais bien Alain, il a joué à Angers pendant cinq ans. Il est passionné, travailleur et perfectionniste.

G. F. : quel sera son rôle précis au sein des Ducs ?

M. J. : Alain travaillera en binôme avec Heikki sur l'équipe première. Il supervisera l'organisation sportive et technique sur l'ensemble du club. Il aura à décider du choix de l'entraîneur et des joueurs, ce que je faisais avant sans en avoir les compétences. Cela me soulagera également. Nous voulons professionnaliser toute cette partie-là.

G. F. : en cinq ans, les Ducs ont complètement changé de visage au point d'être régulièrement présents dans les phases finales de toutes les compétitions et d'avoir décroché la coupe de France en 2007, la première à se jouer à Paris dans l'enceinte de Bercy...

M. J . : nous avons beaucoup travaillé avec François Dusseau et les joueurs. En 2006/2007, le championnat pour nous était très difficile, mais sur une coupe, on savait que cela pouvait être possible. Bercy arrivait. On a tout misé sur ce match-là. Après avoir éliminé Rouen en demi-finale, tout était jouable. Ce jour-là, on a gagné bien plus que le championnat ! Bercy est la récompense d'un travail entamé bien avant par le club. Cette coupe a été un catalyseur pour les Ducs. On va dire que ça a facilité le dossier.

G. F. : quelles répercussions sur le club a eu l'obtention de ce titre ?

M. J. : ça a tout accéléré. Je n'ai gardé autour de moi que des personnes qui croyaient en moi. Mon projet était un peu fou et j'avais besoin de fous autour de moi (rires). Je me suis séparé des autres. Chaque année, on a joué la stabilité. Depuis trois ans, il n'y a pas un joueur que j'ai signé que je n'ai pas vu avec l'entraîneur. Je préfère me rendre un week-end en Suède, ça me coûte moins cher d'aller voir jouer un gars que de me tromper sur la saison...

G. F. : parallèlement à votre activité au sein des Ducs, vous êtes également chef d'entreprise. De quelle façon gérez-vous le club ?

M. J. : je gère mes entreprises de la même manière que je gère le club. C'est-à-dire que je crée des liens assez forts avec les gens. C'est ma manière de fonctionner. Je peux aussi passer l'aspirateur dans le vestiaire des joueurs. je suis le premier à aller saluer les supporters à l'extérieur. Je ne suis pas fait pour rester dans la loge à manger des petits fours ! Je comprends qu'à l'extérieur, cela puisse choquer et paraître surprenant. Mais tout ce que je fais est dans l'unique but de faire progresser mon club.

G. F. : on vous sent très proche des joueurs, voire omniprésent pendant les matches...

M. J. : Heikki Leime a un objectif fixé à chaque début de saison et je lui donne les moyens pour le réaliser. Pendant la saison, je n'interviens plus sur le sportif. Contrairement à ce que pensent les gens en me voyant derrière le banc pendant les matches, jamais je n'interviendrais pour changer un joueur ni pour dire quoi que ce soit sur la tactique de jeu ! C'est le travail de l'entraîneur et de son adjoint. Les choses sont claires : si l'entraîneur a atteint son objectif, il est conservé. Sinon, je cherche quelqu'un d'autre. Je suis incapable de faire du coaching. Mais je suis capable de gérer une entreprise et un club. Ce qui m'intéresse, c'est la fin de la saison.

G. F. : un mois est désormais passé depuis la finale de ligue Magnus perdue face à Rouen. Quel bilan en tirez-vous ?

M. J. : il est mitigé. On visait la finale et cet objectif sportif a été rempli, tout comme les objectifs financiers et de fréquentation. On a des petits regrets de pas avoir remporté la finale après avoir mené 2 matches à 0. On se dit qu'on a une chance... Tout comme pour celle de la coupe de la Ligue qui nous échappe contre Grenoble, alors qu'elle était à notre portée. On reste dans notre programme établi sur trois ans.

G. F. : le recrutement des Ducs est quasiment bouclé. Sur quelles bases partez-vous la saison prochaine ?

M. J. : on garde la même ossature composée de joueurs-clés. On franchit une étape chaque année. L'objectif de la prochaine saison est très clair : remporter un titre.

G. F. : que conservez-vous de ces premiers cinq ans de présidence ?

M. J. : je suis un perfectionniste. J'ai vécu des moments douloureux avec le départ de François Dusseaux. Même si Heikki Leime est quelqu'un de difficile à découvrir, je vis avec lui de grands moments. Plutôt que des regrets, je suis sur l'affectif. Je garde des bons et des mauvais souvenirs.

G. F. : en cinq ans, vous avez réussi à attirer et à conserver, pour certains, des joueurs tels que Fortier, Bellemare, Baluch, Laprise, Kiprusoff, Aubry, Lacroix et aujourd'hui, Brian Henderson... Quelles valeurs souhaitez-vous leur transmettre ?

M. J. : la première : le travail, cette capacité à s'investir dans le projet comme moi, je le fais tous les jours. Ensuite, les valeurs d'honnêteté, d'empathie, la volonté d'aller vers les autres. Et toujours faire du mieux qu'on peut.

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