jeudi 10 janvier 2013

Echos du Palet : bilan des Mondiaux U20

Un mois après le déroulement des Mondiaux U20 à Amiens, GlaceNews tire un premier bilan de l'échec français avec Renaud Jacquin, manager de l'équipe et conseiller technique national de la FFHG. 


France-Slovénie


Guillemette Flamein : la France est reléguée en division inférieure. Lionel Charrier avait déclaré viser le maintien. Quel bilan tirez-vous de cette compétition et quel sentiment prédominait à l'issue du tournoi ? 

Renaud Jacquin : l’objectif du maintien, fixé par le DTN (directeur technique national), était raisonnable, même si bien entendu, la Slovénie et l’Autriche, nos deux adversaires directes, étaient venues avec les mêmes espérances. En compétition, seul le résultat compte et sanctionne le niveau de l’équipe. Nous nous sommes donc quittés déçus, mais surtout sans bien comprendre pourquoi nous n’avons jamais véritablement atteint notre niveau de jeu, produit lors des matches amicaux, qui se caractérisait par de la rigueur défensive et de la constance dans notre jeu. 

G.F : comment expliquez-vous ces résultats parfois sévères ? Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?

R. J. : nous savions, après avoir disputé 10 matches de préparation depuis les premiers regroupements estivaux, que nous manquions d’efficacité offensive, problématique renforcée par l’absence de Timothé Bozon (priorité donnée à son championnat junior majeur) et Joris Bedin (blessé deux jours avant le début de la compétition). Aussi, il nous fallait être extrêmement rigoureux défensivement pour tenir le score et construire nos matches période par période. 

Malgré ces consignes, nous avons vécu à peu près toujours le même scénario, à savoir un assez bon début de match avec la maîtrise du palet la majeur partie du temps (à l’exception de la Biélorussie, trop supérieure à nous) avant de commettre des fautes individuelles incompréhensibles, qu’elles se traduisent par des erreurs techniques ou des prises de risques inutiles. A chaque fois, nous avons donné quelques buts à l’adversaire au mauvais moment (fin de période, juste après avoir recollé au score…). Après, on a dû forcer notre jeu pour revenir et l’adversaire n’avait plus qu’à nous contrer ou marquer en cage vide lorsque nous sortions notre gardien en toute fin de match pour le substituer par un 6e joueur de champ.
 
G. F. : Lionel Charrier a dit que l'équipe n'est pas habituée mentalement et physiquement à un tel enchaînement de matches. Comment pallier cette lacune ? 

R. J. : on réfléchit et l'on modifie les formules de championnat pour optimiser l’adversité, mais le niveau de nos équipes de clubs est trop faible et surtout trop inégal pour que notre compétition nationale prépare suffisamment bien nos internationaux. Sans compter le peu de matches que nos internationaux jouent par semaine : un seul chaque week-end dans leur catégorie, et lorsqu’ils évoluent en Magnus, ils ne participent souvent pas aux situations spéciales (power play, defense play) et n’ont qu’un temps de jeu réduit…même si la règle contraignante des 10 joueurs formés localement nous aide un peu, évidemment.

G. F. : sur quels compartiments de jeu faut-il mettre l'accent pour que les jeunes Français puissent se mettre au niveau des autres nations européennes ? 

R. J. : si l’on regarde objectivement les 3 favoris de ce groupe qu’étaient la Norvège, le Danemark et la Biélorussie, nous accusons un retard évident sur les habiletés fondamentales que sont le patinage, le contrôle du puck et les lancers. Individuellement, nous avons moins de joueurs dominants et notre niveau moyen est en deçà du leur. Après, nos joueurs ne sont pas encore prêts mentalement et physiquement à enchainer des performances maximales tout au long d’un match ou d’une compétition, comme le souligne notre coach. Les joueurs s’adaptent au contexte dans lequel ils évoluent. Tant que nous ne modifierons pas le contexte de formation et de compétition de manière significative, nous aurons toujours la plus grande peine à nous maintenir à ce niveau.

G. F. : sur quel aspect de la formation de ces jeunes par rapport au hockey français faut-il travailler ? Je pense au nombre de joueurs formés localement en ligue Magnus, au temps de glace dont ils peuvent bénéficier, à l’organisation du championnat Juniors...

R. J. : tous les points que vous évoquez sont justes et restent des bras de levier dont il faut user encore davantage, mais on voit qu’ils ne suffisent pas et que nous devons urgemment nous questionner au sein de la Direction Technique Nationale comment aider, conseiller, orienter, soutenir les entraîneurs de clubs dans leur intervention. Comme les joueurs, les entraîneurs s’étalonnent à l’adversité du championnat national. En équipe nationale, il ne s’agit plus de nous comparer entre clubs français, mais de nous confronter à la réalité de la concurrence internationale. 

Le constat est là, si nous progressons, nous ne progressons pas plus vite que nos adversaires et restons donc derrière eux. Il nous faut convaincre la nécessité de rehausser l’exigence de la formation : s’entraîner plus, mais aussi s’entraîner mieux en focalisant sur l’efficience technique chez les plus jeunes et l’intensité de travail chez les plus grands. Les clubs de référence actuellement s’imposent essentiellement par un plus grand volume de créneaux de glace, il faut maintenant que nous trouvions les moyens de mieux les exploiter dans les contenus et les animations.
     
 G. F. : après deux montées consécutives sur ces deux dernières années, que modifie la relégation par rapport à la place des jeunes Français dans le hockey mondial, par rapport aux relations avec les autres nations pour l’organisation de tournois ?

R. J. : à court terme rien, car la crédibilité d’une nation  s’obtient et/ou se perd sur plusieurs saisons et sur le cumuls des performances de l’ensemble des équipes de jeunes (U16, U18, U20). A ce jour, tous les experts internationaux savent que la Biélorussie, la Norvège, le Danemark, l'Allemagne, la Lettonie se battent pour rester ou remonter dans l’élite mondiale et que la Slovénie, l'Autriche, l'Italie, la France, le Japon, le Kazakhstan, la Pologne se battent pour rester ou remonter en Divison 1 A, qui est déjà un niveau très relevé pour nous, compte tenu de la réforme du format des championnats du monde, puisque cela nous place dans le concert des 16 meilleures nations, l’équivalent de la composition du championnat élite senior.

           G. F. : en quoi le fait de jouer en France, à Amiens, a-t-il pu avoir un impact sur l’équipe ? 

R. J. : on le saura certainement jamais. On constate simplement que la plupart du temps, le pays hôte contre-performe, sauf si c’est un relégué qui part avec un avantage technique sur ses concurrents. Le comité d’organisation a répondu à toutes nos exigences et nous a mis dans les meilleures conditions. Nous ne cherchons aucune excuse et si c’était la fameuse « pression », alors il faudra apprendre à l’apprivoiser car c’est la loi du haut niveau. Dans tous les cas, cela ne fait que rendre la défaite plus difficile à accepter car l'on a le sentiment de ne pas rendre la pareille à tous les bénévoles, qui se sont investis dans l’organisation de l’évènement, et aux médias qui ont couvert le mondial, en adoptant un comportement juste envers nous tout au long de la compétition.  

          G. F. : quels sont les prochains objectifs, les prochaines échéances de ce groupe ?    

R. J. : c’est très simple : remporter le championnat du monde Division 1 B face à l’Italie, le Kazakhstan, l'Ukraine, le Japon, la Grande-Bretagne en décembre 2013. Et pour cela nous regrouperons nos internationaux dès cet été avec un programme qui reste à affiner après une analyse à tête reposée au retour des vacances de Noël… 

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1 commentaire:

  1. Le genre de compétition toujours difficile à vivre pour des joueurs, mais il faut relever la tête et retrousser les manches...
    Une analyse qui me parait correcte.

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